dimanche 10 juin 2012

Deux mâles, des mots (Concert lecture d'Arthur H)


Seconde étape du Marathon des mots, festival des littératures organisé tous les deux ans par l’ASBL Entrez Lire, le concert-lecture d’Arthur H et Nicolas Repac, l’Or Noir, aura été l’occasion d’un retour aux sources. Retour en enfance, temps béni où l’on nous raconte encore des histoires, retour à la tradition orale de la littérature qui s’écoute et se transmet, retour à la musicalité des mots, aux fondements de la poésie, retour aux racines des différentes cultures qui nous habitent, car « nous sommes tous, aujourd’hui, un peu créole, un peu américain, un peu oriental, un peu africain (relié par la vérité du rythme) ».



C’est le noir complet. Sur scène, deux conteurs, l’un assis à une table de bistrot, l’autre entouré d’instruments traditionnels, tous deux chapeautés. On pourrait être dans une tribu africaine, ou dans un club de jazz de la Nouvelle Orléans. Nous sommes en route vers l’Or Noir, portés par la voix d’Arthur H,  « cette voix qui nous vient du fond de la bananeraie, langoureuse et élégante, comme un hamac l’aurait fait s’il savait chanter, parfois grave et sèche comme une lampée de rhum, pour s’éteindre doucement afin de faire corps avec la nuit », nous décrit Dany Laferrière, l’un des auteurs des textes ramenés de la Caraïbe francophone par nos deux voyageurs.

Le théâtre, la voix, les lumières, les notes, constituent ici un véritable écrin dans lequel les mots scintillent davantage. « Avec Nicolas, nous avons improvisé quelques jours, jusqu’à ce qu’il trouve l’ossature harmonique, rythmique et mélodique et, surtout, l’atmosphère émotionnelle, la couleur sonore qui vibre avec chaque poème ». Voilà ainsi le public embarqué dans une expérience collective, un frissonnement général où tous les sens sont en éveil pour accueillir les mots, bien loin des gueuletons littéraires solitaires modernes dans les transports en communs.

L’amour, la mort, le voyage, notre conteur « siffle des choses très anciennes/de serpents de choses caverneuses » (Aimé CESAIRE, Corps perdu). L’Or noir, combustible, source d’énergie naturelle, alcool à brûler les cœurs et à transmettre les passions, ce sont les mots, les mots de tous les temps, nous dit Arthur H qui les réincarne : « Culbuté par la grosse houle du siècle/ au feuillage musicien des mots je lave/ mon époque à l’eau de ma tendresse du soir. » (René DEPESTRE, Le métier à métisser)

Prochaines escales : http://www.arthurh.net/lor-noir/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire